Contre Sarkozy.

Publié le par Renaud

            On le redoutait, Sarkozy atteint un score très important: plus de 30% des voix. Auxquelles se reporteront très probablement environ 10% du front national. Auxquelles il faudra aussi très probablement ajouter une bonne partie des voix de l'UDF.
            Tout cela pour dire que l'on se retrouve dans une situation extrêmement délicate: Sarkozy, au second tour, se retrouve dans une situation qui lui est à priori plutôt favorable. La droite extrême se rapproche de l'Elysée. Comment peut-on, aujourd'hui, hisser au pouvoir un populiste qui entretient la xénophobie en organisant des rafles spectaculaires de sans papiers, veut limiter le droit de grève,  estime que les tendances à la pédophilie ou au suicide sont génétiques, qui souhaite « dépister la délinquance » chez les enfants à trois ans, etc?

            Inconcevable.
            Inconcevable qu'il devienne président alors que sa politique sociale est connue (moins de 2% de logements sociaux à Neuilly dont il a longtemps été maire alors que la loi oblige à 20% de ces logements par commune), alors qu'il a ouvertement bafoué l'indépendance de la justice à plusieurs reprises en s'en prenant aux décisions des magistrats (voir d'ailleurs un bilan de son passage au ministère de l'intérieur fait par le vice-président du tribunal du Paris), alors qu'il tolère des arrestations de directrices d'école, qu'il s'attaque ouvertement au droit du travail, etc.

            Aujourd'hui, certains estiment que l'on ne peut pas voter Royal car chacun sait qu'il n'y a rien (ou presque) à en attendre sur les questions de services publiques, de réforme des institutions, etc. Mais la question n'est pas là : aujourd'hui, la priorité est de faire du second tour un plébiscite contre Sarkozy et les valeurs de droite extrême qu'il incarne, contre les cinq années de gouvernance anti sociale du tandem Chirac – Sarkozy car ce dernier reste quoiqu'en dise le candidat sortant, celui qui doit rendre compte aux électeurs de la casse de la sécurité sociale, de la casse du système de retraites, de la casse des services publics et de l'éducation, etc.
            Personne ne parle de soutenir Royal, mais bien de battre Sarkozy et les choix politiques qu'il incarne. Cinq années de sarkozysme à venir ne pourraient en aucun cas améliorer la situation de ce pays, bien au contraire, la rupture qu'il nous propose c'est la rupture du pire : poursuite de la casse des systèmes de protection sociale, poursuite de la dégradation et de la suppression des services publics, casse du droit du travail, etc. Et surtout, surtout, remise en cause des droits démocratiques de contestation des réformes qu'il voudra nous imposer : il a déjà été évoqué la remise en cause du droit de grève, la répression se fera de plus en plus dure contre les mouvements sociaux (rappelons qu'il y a encore des procès en cours contre des manifestants qui refusaient la réforme Fillon sur l'éducation en 2005! contactez nous si vous voulez plus d'informations).
            Les droits démocratiques ne seront plus garantis dans un pays gouverné par la droite sarkozyste. Alors que même si l'on est en droit d'être en désaccord sur le projet de société proposé par le PS, les droits démocratiques de contestation demeureront intacts, et ceci n'est pas négligeable.
            Il n'est de toute manière question pour personne, à gauche, actuellement d'envisager une véritable alliance avec le PS sans se trahir soi même. Bové ou le PC risquent de perdre en crédibilité en faisant des concessions sur les questions de re-nationalisation de services publics, les Verts devraient revenir sur leur position sur la question de l'EPR, et il n'est même pas envisageable que la LCR (qui s'est propulsée leader de la gauche radicale) accepte de faire des concessions sur toutes ces questions.
            Il faut donc maintenant nous préparer à bloquer toutes les entrées de l'Elysée à Sarkozy. Ce n'est que dans ces conditions que nous pourrons reprendre sereinement des luttes quotidiennes en faveur des services publics, de l'environnement, etc.
            Utiliser le bulletin Royal le 6 mai aura un sens politique : non pas celui d'un soutien à cette candidate, mais celui d'un rejet de la politique de Sarkozy.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article